Contrairement aux poteries industrielles régionales, le RAKUYAKI fut développé exclusivement pour servir le thé pendant la cérémonie du thé. Ce dernier siècle fut une période historique rare durant laquelle nos modes de vies et valeurs ont dramatiquement évolués. Pourtant, le RAKUYAKI continue d’être utilisé. Je pense que c’est du fait de ses racines dans le Zen.
Une pièce RAKUYAKI n’est pas complète quand elle est cuite : elle grandit encore par l’usage. Son charme réside dans le « Sabi » : la beauté qui apparaît avec le temps.
J’ai derrière moi 40 ans de carrière depuis mes années d’apprentissage. Les artisans imitent et mémorisent les forment traditionnelles, puis ils s’en écartent et, enfin, reviennent aux bases. C’est ce qu’on appelle ShuHaRi au Japon (Suivre, Birser, Se détacher). J’ai essayé de créer des RAKUYAKI qui correspondent à nos modes de vie et notre époque changeante. Plus précisément, tout en chérissant le style wabi du RAKUYAKI, j’ai essayé des approches plus modernes un incorporant notamment des motifs.
J’ai maintenant épuisé cette « expression de moi-même », je m’en détache et je suis à nouveau de retour aux bases, avec ses essais et ses erreurs, souhaitant créer un RAKUYAKI noir et simple. Même si c’est le même RAKUYAKI simple et noir, il est complètement différent de celui que je faisais en tant que jeune apprenti. J’espère maîtriser le RAKUYAKI noir d’ici 10 ans.
Et c’est mon vœu le plus sincère que ceux qui utilisent ces bols les nourriront avec attention, afin qu’une nouvelle beauté naissent au grés des ans.